Kevin Welch

Président du Conseil d’administration de BRUGEL

En 2022, l’économie mondiale a été confrontée à la pire crise énergétique depuis les années 1970. Si les prix de l’énergie avaient déjà commencé à augmenter sous l’effet du rapide rebond économique survenu après la pandémie du Covid, la crise s’est propagée dans le monde entier après l’invasion russe en Ukraine. Le choc énergétique a ainsi porté l’inflation à des niveaux qu’elle n’avait plus atteints depuis des décennies.

En Région de Bruxelles-Capitale, cette envolée des prix de l’énergie n’a pas manqué d’ébranler les secteurs de l’énergie et de l’eau déjà fragilisés par un environnement socio-économique jugé préoccupant. Quand on sait que 80% de ménages bruxellois pourraient désormais être éligibles au statut de client protégé, on prend pleine conscience de la précarité dans laquelle vit une partie de la population bruxelloise.

Côté fournisseurs, la crise a également eu des répercussions sur l’équilibre du marché de l’énergie. Si ces aléas ont contraint certains opérateurs à cesser leurs activités, d’autres ont préféré se retirer d’un marché jugé trop peu rentable, voire trop compliqué. Fin 2022, ne subsistait ainsi quasiment qu’un duopole composé du fournisseur historique et d’un challenger. Et à rebours des pratiques généralement observées sur ces marchés, ce challenger a systématiquement proposé des tarifs plus élevés que ceux de son concurrent. Laissant présager d’une tendance haussière, par rapport à la Flandre et la Wallonie, du prix de l’énergie pour les mois et les années à venir.

En 2022, la hausse des prix de l’énergie et l’inflation qui s’en est suivie ont également impacté le secteur de l’eau marqué par le sous-investissement historique de ses infrastructures. Durant cet exercice, l’opérateur VIVAQUA a notamment sollicité une révision des tarifs de l’eau afin de pallier les dépenses exceptionnelles liées à l’inflation. De son côté, le gestionnaire du réseau de distribution de l’électricité et du gaz SIBELGA est parvenu à limiter l’impact de la crise sur ses clients en puisant dans les soldes tarifaires.

Il n’en demeure pas moins que les opérateurs bruxellois des trois flux que sont le gaz, l’électricité et l’eau seront contraints de procéder à des investissements conséquents pour renforcer la qualité de leurs services. Pour atteindre la décarbonisation de la Région de Bruxelles-Capitale à l’horizon 2050, SIBELGA devra privilégier la montée en puissance de l’électricité dans la transition énergétique. Caractérisé par un sous-investissement chronique, le réseau hydrique géré par VIVAQUA devra également activer un ambitieux programme de rénovation. En ces temps difficiles, les décideurs politiques seront ainsi contraints de prendre des mesures audacieuses. Car au-delà des déclarations d’intention, il sera l’heure de renouer avec les politiques structurelles pour résoudre les problèmes les plus impérieux, requérant des investissements conséquents dans une Région socio-économique compliquée.

Il convient cependant de noter que dans plusieurs secteurs de l’énergie, la Région de Bruxelles-Capitale fait figure de modèle à suivre. En matière de transition énergétique par exemple, les projets de « partage d’énergie » sont vécus comme des expériences très prometteuses. En ce qui concerne les bornes de recharge pour les véhicules électriques, la Région de Bruxelles-Capitale a finalement accéléré le déploiement avec un plan pragmatique.

Dans ce contexte, les équipes de BRUGEL ont œuvré sans relâche avec les autres stakeholders. Leur credo : défendre les intérêts des consommat·eur·rice·s et favoriser la transition énergétique inscrite dans la politique de la Région de Bruxelles-Capitale. Nos services ont notamment réalisé des études et formulé des avis d’initiative pour aider les instances politiques à faire face à certaines thématiques : le dysfonctionnement du marché, la précarité énergétique et hydrique, l’ajustement des certificats verts, la flexibilité des réseaux électriques, la tarification, les règlements techniques, etc.

Cette année, la direction générale de BRUGEL est également devenue une direction en tandem avec la venue de Régis Lambert aux côtés de Pascal Misselyn. Notre Conseil d’administration s’est félicité du fructueux partenariat mené par nos deux directeurs généraux. Pour ma part, je tiens à remercier vivement tou·te·s les collaborat·eur·rice·s de BRUGEL ainsi que les membres du CA pour leur collaboration constructive.